Vous savez quand le raisin, le climat, le savoir-faire et la passion se rencontrent dans une bouteille ?

Syrah

États-Unis, Sierra Foothills, Domaine de la Terre rouge, Terre rouge Syrah,  2005, 14,5%, SAQ : 10271058, 40,75$

J’ai découvert ce magnifique vin rouge en 2016 lors d’un voyage en Californie. Nancy et moi étions en compagnie de Bill Easton, propriétaire et vigneron du Domaine Terre rouge dans la Sierra Foothills. Après quelques brèves dégustations, on s’était assis sur la terrasse du domaine pour déguster un verre complet de sa Syrah 2005 dont les vignes ont été plantées en 1983. Véritable bombe, cette Syrah, poivrée et violacée, aurait pu se comparer à n’importe quel excellent vin de la Côté rôtie en Rhône septentrional. Je suis évidemment repartie avec une bouteille que je m’étais promis de boire en compagnie d’une personne très spéciale, Éric.

À deux jours de Noël 2017, il venait d’arriver d’une longue route. Mon six pâtes était dans le four et on venait de s’attabler pour une raclette. Très heureux de pouvoir boire ce petit bijou, il s’est prêté avec plaisir à une dégustation commentée.

Pourtant de nature violacée, la Syrah commençait à tirer vers l’oranger. Cela veut dire que le vin commence à vieillir. Il était possiblement arrivé à maturité. De belles larmes larges et lentes tapissaient nos verres avec panache.

Au nez, la cerise et le poivre dominaient le bouquet, comme si le vin n’avait pas vieilli en douze ans. Les arômes fruités et floraux, comme ceux de la violette prenaient beaucoup de place par rapport au cuir.

En bouche, le palais ne reflétait pas le nez. Il était mature, équilibré et prêt à boire. Une légère cerise était toujours présente sur la langue, mais elle laissait la place à des saveurs de beurre, de vanille et de réglisse en rétro-olfaction. L’acidité et les tannins s’agençaient très bien. Ils étaient tous les deux présents et discrets. Comme il était peu capiteux malgré ses 14,5 %, l’équilibre était idéal. Sa finale était si persistante que le goût restait en bouche même avec la nourriture. Wow, encore une fois, ce beau vin californien venait de me charmer. Vous savez quand le raisin, le climat, le savoir-faire et la passion se rencontrent dans une bouteille ?

Accord mets et vins

Ce soir-là, notre raclette québécoise était composée de porc, de bœuf, d’orignal et de veau (les surplus de viande du six pâtes), de pommes de terre, de champignons et de fromage suisse. On y a ajouté de gros grains de poivre noir qui faisaient ressortir le goût du fromage et celui de la Syrah.

Guylaine Lebel