Vins d’Alsace et d’Allemagne : quand les «geeks» se retrouvent!

23-aout-16-geek

Il fallait voir la scène, mercredi soir dernier dans un restaurant japonais de type «Apportez votre vin». D’anciens collègues de classe de sommellerie de l’École Hôtelière des Laurentides s’étaient donné rendez-vous pour déguster du vin ensemble et surtout, en parler!

Sophie, grande organisatrice de l’événement qui a réussi à attirer pas moins de 4 personnes, dont moi, trépignait à l’idée de nous faire déguster à l’aveugle son mousseux. C’est à peine si nous avons eu le temps de nous saluer. Enfin d’autres «geeks» que ne veulent parler que de vin. Comme on était bien! Nous avions été avisés qu’il fallait absolument respecter le thème de la soirée qui était : Alsace, Autriche et Allemagne.«En passant, je n’ai pas respecté le thème», nous annonce-t-elle avec un sourire en coin. Il fallait découvrir, à l’aveugle, sa trouvaille. Après avoir déterminé que sa couleur indiquait probablement un blanc de blanc (fait uniquement avec des raisins blancs) et que la finesse des bulles ne pouvait qu’être française, nous avions donné notre langue au chat. Surprise! Une Blanquette de Limoux! Première bulle de Sieur d’Arques offrait une superbe délicatesse, un peu de minéralité et beaucoup de pomme. Normal quand on sait que le cépage Mauzac, qui doit être présent à 90% dans l’assemblage avec le chardonnay et le chenin blanc, offre des parfums de pomme et de poire comme principaux arômes. Nous étions emballés par cette petite perle abordable du Languedoc offert en produit régulier à la Société des Alcools du Québec (SAQ).

À mon tour de leur sortir cette bouteille que je vois régulièrement en succursale. Personne n’a deviné qu’il s’agissait d’un crémant d’Alsace. Wolfberger de la Cave Vinicole Eguisheim nous a d’abord charmés par son nez fruité et racoleur. En bouche, la magie s’est éteinte. Des bulles timides et des saveurs quelque peu oxydatives n’arrivaient pas à tenir la comparaison avec Première bulle.

Avec nos plats principaux, qui étaient pour la plupart des sautés asiatiques légèrement relevés, est arrivée la trouvaille de Cynthia. Encore une fois, il faut deviner. Un blanc au nez de fruits exotiques et aux saveurs de raisin de Corinthe. Bref, un mélange entre un Riesling et un Muscat. Quoi penser? Je me lance : «En raison du thème, du sucre résiduel et du nez, j’affirme qu’il s’agit d’un Riesling d’Allemagne». Sophie emboîte le pas : «J’y vais avec la famille» indique-t-elle. Bingo! Comme les «geeks» étaient fières! Si vous saviez le bonheur que peut ressentir un sommelier quand il arrive à deviner le vin. C’est comme gagner au loto à chaque fois. Le Riesling 2013 de Dr. Loosen de la région de Moselle est parfaitement représentatif des vins allemands qui proposent toujours une jolie dose de sucre. L’accord est agréable avec nos sautés.

Puis Jean-Marc nous sort, un peu tard (il ne me restait que deux bouchées à prendre), ce qui devait être ma révélation de la soirée. Le Riesling Rosenberg 2010 du domaine alsacien Barmes-Buecher. Voilà enfin l’accord tant attendu. La minéralité combinée à la rondeur de ce vin aux arômes citronnée est divine. Avec un plat légèrement relevé de type asiatique, l’affaire est conclue.

Comme elles sont magiques ces soirées où on a le bonheur d’échanger sur nos passions. Vous vous imaginez comment je pourrais endormir mes amis en leur expliquant que la Blanquette de Limoux contient un minimum de 90% de Mauzac mais que la Blanquette méthode ancestrale, elle, doit contenir 100% de Mauzac ? Des plans pour ne plus être invitée dans les soirées. Merci à ce beau groupe de passionnés!

Par Guylaine Lebel