Le bec à vin : véritables plaisirs d’accords

Le bec à vin

Récemment, j’ai eu le bonheur de partager un repas au bar à vin/restaurant Le bec à vin, situé à Boucherville. Ce bistro, qui se distingue aussi bien par la qualité de sa cuisine que par sa carte des vins bien travaillée, est aussi charmant qu’intéressant.

C’est d’abord Maxime, le sommelier, qui nous a accueillies avec enthousiasme! J’étais accompagnée de Marie-Josée, amie de longue date qui s’intéresse aux vins et qui se paye des bouteilles beaucoup trop chères, et de Nancy, professeure de sommellerie au Centre de formation professionnelle Jacques-Rousseau de Longueuil. Nancy répondait enfin à l’invitation de son ancien élève qui était visiblement très heureux de pouvoir parler vin avec elle.

La façon de s’amuser dans ce bistro est de choisir trois «tapas» au prix raisonnable de 27$ et quelques extras. Ensuite, on laisse le sommelier nous recommander un vin au verre pour chacun des trois services. En passant, les plats sont suffisamment copieux pour ne plus avoir faim à la fin de la soirée.

Nous avons entamé notre premier plat, un tartare de saumon, avec un joli Viognier Français bien gras de l’Indication géographique protégée (IGP) Vin du pays de la Méditerranée. Le Villa Duclos, s’harmonisait très bien avec ce plat grâce à son élégance amenée par une belle minéralité et une certaine fraîcheur qui venait couper la rondeur du cépage. S’il semblait aqueux au départ, il s’est révélé plutôt subtil en compagnie du saumon. La soirée commençait bien!

Nous avons beaucoup apprécié notre deuxième service, un pétoncle baigné dans une crémeuse de choux-fleurs sur du quinoa et des tomates confites. Il fallait garder une certaine onctuosité dans le vin et la suggestion de notre sommelier-aux-petits-soins a été très intéressante et drôlement rare : un AOP Limoux en France. Ce vin blanc plat élaboré à 100% de Mauzac (cépage mieux connu pour faire partie des mousseux et crémants de centaines appellations satellites du Rhône) était étonnant. La cuvée Occitania 2013 du Château Rives-Blanques, offrait des arômes mentholés. En bouche, son équilibre était remarquable et ses légères notes herbacées lui donnaient du style.

Finalement, avec l’effiloché d’épaule d’agneau, il fallait un vin rouge relativement costaud. L’italien Ad Astra de l’IGT Maremma en Toscane était tout indiqué. Son assemblage deSangiovese (40%), Cabernet Sauvignon (25%), Merlot (15%), Syrah (15%) et de certains cépages secrets (5%) accompagnait très bien ce plat agrémenté de champignons marinés. Pour les copines, qui se délectaient d’un poulet Cornouaille accompagné de céleri-rave et d’une confiture de poires et d’oignons, un vin rouge plus léger s’imposait. De France, en Loire, le Point du jour 2013, du Domaine Philippe Tessier de l’AOP Cheverny a été mon coup de cœur de la soirée. Son assemblage de Pinot noir et de Gamay offrait un équilibre très intéressant. Les fruits rouges, bien présents, se mariaient à des tannins soyeux pour rester sur une longue finale. Ce vin se laissait boire sans retenue. Oups, j’ai presque omis de redonner son verre à Marie-Josée…

Cette soirée s’est avérée être très intéressante sur le plan des accords mets et vins. On a beau dire, quand le sommelier de la place décide de nous faire triper, ça fonctionne à tout coup. Tuyau : prenez l’habitude d’y retourner, les menus «tapas» et vins changent quelques fois durant l’année.

Guylaine Lebel