Sauvignon blanc et orignal : l’accord parfait!
Vous venez de lire le titre de cet article et vous vous dites : «Elle est tombée sur la tête? Du vin blanc avec de la viande rouge de bois? Quelle idée?» Vous avez bien raison, une viande rouge aussi puissante et goûteuse que la viande d’orignal accompagnée d’un vif Sauvignon blanc serait un bien mauvais accord mets et vins. Le gibier prendrait toute la place dans votre bouche pour ne laisser aucune possibilité à votre vin blanc de vous charmer. Mais qui a dit que je parlais d’accord mets et vins? Je parle de la fois où j’ai bu un Sauvignon blanc en compagnie d’un orignal. Voilà qui est bien différent.
Vous vous demandez où je m’en vais avec cette histoire dans une chronique de vin? C’est simple, je veux vous parler de l’association psychologique entre un moment heureux et un vin.
En route vers le chalet de Charles et Sonia à Boileau, nous faisons un arrêt en chemin pour nous trouver un joli vin à boire en apéritif. Horreur et damnation! À 18 h 30, la SAQ est fermée. Que faire? Comment survivre? Sonia panique. Je prends les choses en main et nous dirige vers le marché d’alimentation le plus près. «Du vin d’épicerie?» me glisse ma copine désemparée. C’est à ce moment que je lui explique la base de la survie en épicerie dans le domaine du vin : «Jamais de rouge! Que du blanc, du rosé ou du cidre. C’est moins agressant un vin blanc cheap» lui dis-je totalement méprisante pour ces produits. «Achète celui qui goûte le pamplemousse», me glisse Sonia en route vers les baguettes de pain. Je comprends alors qu’un Sauvignon blanc, originaire de la Nouvelle-Zélande, devrait la satisfaire. C’est justement ce que je trouve. Le Morgan Hill de la région de Marlborough en Nouvelle-Zélande me saute au visage. La région produit d’excellents Sauvignons blancs. Prenons une chance.
Arrivés au chalet, nous nous installons sur le quai pour regarder le lac qui a finalement fondu et les 3 chevreuils qui broutent sur le terrain (Boileau est connu pour ses cerfs). Nous n’avons pas encore pris une gorgée de notre vin que nous apercevons un orignal sur le bord du lac au loin. N’écoutant que notre amour des animaux et du vin, nous nous retrouvons, quelques minutes plus tard, un verre à la main, à quelques mètres de la bête calme qui mange des branches d’arbre. Voir un animal de cette stature d’aussi près dans son environnement est une expérience incroyable. C’est à ce moment que j’ai pris ma première gorgée de vin. Je ne saurais dire si c’est en raison de ce moment d’épiphanie, mais j’ai trouvé ce vin vigoureux, éclatant, vif et plutôt équilibré. En vérité, j’ai adoré ce vin ! À ce moment, il faisait partie d’un tout, d’un immense moment de joie. Il était, comme je l’ai titré plus haut, l’accord parfait avec un orignal.
Nous avons ainsi terminé notre apéritif à la brunante à l’orée du bois en compagnie de notre nouvel ami. Je devrai assurément goûter à nouveau ce Morgan Hill afin de me faire une meilleure idée de sa qualité, mais je peux vous assurer qu’il restera toujours, le superbe vin qui m’accompagnait à ce moment. Et vous, quel est votre accord joie et vin ?
Guylaine Lebel