Umberto Cesari : autre chose à offrir que du Liano
Tout amateur de vin Québécois connait le fameux Liano. Personnellement, pour moi, il entre dans la catégorie des Apothic Red et des Ménage à trois de ce monde : ce sont des portes d’entrée vers mieux, beaucoup mieux. Le producteur italien d’Émilie-Romagne, Umberto Cesari, sait faire ce vin grand public mais également d’autres. J’ai eu la chance récemment d’assister à une soirée organisée par La Tomate Blanche, restaurant italien du Quartier Dix-30 à Brossard. Accords mets et vins étaient proposés à plus d’une centaine de convives.
D’abord servi au cocktail, le Procecco Lovia, ce vin mousseux, léger et floral, était bien honnête. En entrée, le Risotto à la courge, pancetta et effiloché de lapin était accompagné du Liano Bianco 2012. Cet assemblage de Chardonnay et de Sauvignon blanc était idéal avec cette délicieuse entrée. La richesse du Chardonnay, combiné à la vivacité du Sauvignon dynamisaient le risotto.
Le plat principal, une côte de cerf en croûte de cacao café, était servi avec trois vins rouges. Le Riserva 2011 (Sangiovese), le Tauleto 2008 (Sangiovese grosso et Bursona Longanesi) et le Tauleto 2004. Avant de recevoir notre assiette, nous avons procédé à une première dégustation. Le Riserva 2011 était léger, fruité, jeune et rafraichissant. Ses tanins présents mais fondus étaient très agréables.
Le Tauleto 2008 était beaucoup plus ferme. Sa charpente, ses tannins un peu trop présents et son boisé peu subtil révélaient un vin de bonne qualité mais trop jeune. Le Tauleto 2004, lui, était ouvert comme une fleur. Son équilibre était presque parfait. Juste assez de moelleux, d’acidité et de tannins. Ses arômes boisées laissaient place à des effluves d’évolutions telles que le cuir et le musc. Les petits fruits étaient toujours présents. Sans hésitation, le Tauleto 2004 remportait la palme de la soirée. Toutefois, l’accord avec le cerf bien saignant nous indiqua autre chose. Si le Riserva s’effaçait au contact de cette viande rouge et gouteuse, il en était presque de même avec le Tauleto 2004. Quoi? Non? Quelle tristesse que de perdre cet excellent vin au contact de la viande. J’ai dû me rabattre sur l’austère Tauleto 2008. C’est à ce moment que la révélation a eu lieu. Il fallait un vin avec toute cette charpente pour accompagner une viande aussi savoureuse. Ses tannins accentuaient le goût du sang. La croûte de cacao café s’harmonisait fabuleusement aux arômes de vanilles et de bois.
Ce genre de constat arrive régulièrement quand on s’applique à déguster des vins. Certains sont parfaits à boire seuls alors que d’autres se dévoilent dans toute leur finesse au contact d’un aliment bien choisi. C’est pourquoi il faut toujours faire preuve d’ouverture dans ce domaine.
Comme si cette soirée n’était pas déjà superbe, j’ai eu la chance d’être l’heureuse gagnante d’un Jéroboam (3 litres) du Tauleto 2003. Je ne l’ai pas encore dégusté. Toutefois, vu la maturité du 2004, je devrai le boire cette année au plus tard si je veux profiter pleinement de ce qu’il a à offrir. Chance quand tu nous tiens!
Par Guylaine Lebel