Retour en Valais

La ville de Sion en plein coeur du Valais.

Quelqu’un connaît les vins suisses? Si vous posez cette question dans une soirée, vous aurez certainement un amateur qui a, par pur hasard, découvert un Fendant du Valais. Pour ce qui est des autres vins de ce sublime pays, c’est le néant! Pourquoi? Parce que la SAQ propose peu de produits originaires de ce pays et que la Suisse, aussi viticole soit-elle, se suffit à elle-même (2% d’exportation). En d’autres termes, ils boivent ce qu’ils produisent.

Il reste donc peu d’occasions de découvrir ces petits bijoux, souvent valaisans, parfois vaudois, autrement qu’en se rendant sur place. Il faut ce qu’il faut! J’y ai passé une semaine en juillet dernier.

 

Pour la petite histoire, en tant que «backpacker» chevronnée de la fin du dernier siècle, j’ai vécu plusieurs mois en Suisse, à Sion en Valais. À l’époque, j’avais été embauchée à Sierre, ville voisine, comme «sommelière» dans un bar (C’est comme ça qu’ils nomment les barmaids!). Ouf, un tel titre ne pouvait moins bien s’appliquer à une personne qu’à moi. La première fois que l’on m’a commandé un ballon d’Ollon (magnifique vin rouge élaboré à partir de Syrah), j’ai pensé que c’était un Cognac. Il faut dire qu’à l’époque, mon intérêt pour le vin se limitait à savoir lequel cognait le plus fort et coûtait le moins cher. Idéalement, je préférais la bière. J’habitais en plein cœur des vignes de Sion. Cette ville et sa région regorgent de vignobles tous plus intéressants les uns que les autres. En quittant ce pays viticole d’une beauté à couper le souffle, je ne faisais pas la différence entre ce qu’était une Petite Arvine, un Fendant, un Chasselas ou l’Amigne. J’ignorais que le Pinot noir, le Merlot et la Syrah étaient cultivés et appréciés dans cette partie du monde, tout comme l’Humagne ou le Johannisberg.

L’an dernier, j’ai été accueillie chez Annie, cette Québécoise qui voyageait avec moi à cette époque et qui est restée à Sion. Son appartement, situé au cœur de la vieille ville, m’a permis de profiter du grand pont (quartier des restaurants et bistros) à la manière «tournée des grands ducs». C’est là que j’ai décidé, à titre de professionnelle consciencieuse et dévouée, de me replonger dans mes connaissances des vins suisses. Avant de partir pour la soirée, nous nous sommes délectées d’un mousseux de la Cave de Jean-René Germanier de Vetroz élaboré avec de la Petite Arvine. L’inimitable œnologue Gille Besse et son oncle Jean-René Germanier ne faisaient que commencer à m’impressionner. Et pourquoi pas une autre bouteille avant de partir? Blanc de mer, toujours de la même cave, est un assemblage de Chardonnay et d’Amigne. Voilà, je suis comblée, vendue et la barre est haute!

Au premier restaurant-bar où j’arrête en compagnie de Jackie, une américaine expatriée, Annie, la Québécoise-Suissesse et Nancy, mon amie de toujours, également sommelière, un seul choix s’impose : la raclette! Nous voilà donc attablées à manger ce fromage chauffé sur une tranche de pain (rien à voir avec nos raclettes québécoises qui offrent un assortiment de produits digne d’une paëlla vitaminée). Ici, que du fromage, du pain, du poivre et un cornichon. Le bonheur total se trouve dans la simplicité de ce plat. Il faut maintenant faire le meilleur accord! Nous voici donc là, en écoutant cette chanteuse d’inspiration folk américaine (oui je sais ça fait drôle dans un décor européen) à nous délecter de notre raclette en compagnie d’un Fendant de la cave coopérative de St-Pierre-de-Clage. L’accord est parfait! Le Chasselas, avec son bouquet intense très floral avec une touche de senteur de tilleul se marie parfaitement au fromage. La soirée se poursuivra très tard et une multitude de vins seront dégustés avec plus ou moins de professionnalisme. Disons que je poursuivrai mon analyse constructive plus tard. D’autres trésors valaisans m’attendent…

Par Guylaine Lebel